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Octobre Rose, campagne d’information pour le dépistage du cancer du sein : les tatouages de l’espoir

le 02/10/2018

Lors des réunions de préparation des actions de communication pour Octobre Rose, l’idée d’une expo photos a d’abord germé. Oui, mais pour y montrer quoi? Y valoriser quoi et de quelle façon? “Nous nous sommes demandés comment faire face à une mastectomie, partielle ou totale, se souvient Aurélie Clerquin, chef de projet à l’Institut de cancérologie. Quelle est la possibilité laissée aux femmes de recouvrir une certaine féminité, face à ce corps et cette cicatrice, qui rappelle le cancer, les stades de la maladie?” L’idée du bodypainting est d’abord évoquée, puis rapidement écartée au profit du tatouage éphémère.

 

Le principe? Un dessin réalisé sur une feuille Stencil qui viendra recouvrir la cicatrice. Mais encore fallait-il que les patientes adhèrent au projet. Les infirmières coordinatrices du parcours de soin en ont fait le relais au sein des établissements, parmi les patientes qu’elles suivaient de manière personnalisée et régulière à l’Institut de cancérologie. Très rapidement, une certaine curiosité a émergé au sein de nos services. , . et 8 patientes  de 40 à 62 ans, se sont portées volontaires. Certaines avec des appréhensions, d’autres avec une idée déjà précise de leur tatouage… “Nous les avons rencontrées, leur avons expliqué notre démarche de se réapproprier leur corps, de créer une nouvelle image qui permette de l’accepter au mieux.”

 

L’étape d’après fut de trouver le salon de tatouage. “Nous avons exposé notre projet à divers salons, et celui de Lomme, Your’s, composé exclusivement d’une équipe féminine et déjà spécialisée dans le recouvrement de cicatrices – pour les grands brûlés par exemple –, a répondu oui tout de suite!”, précise Aurélie Clerquin. Les patientes ont été accueillies au salon pour choisir ou élaborer leur dessin. Il ne s’agit pas simplement d’un autocollant, tout est ici réalisé sur-mesure. Il a fallu redessiner la cicatrice et faire les dessins tout autour. “ C’est un processus très intime. On sentait que leur choix signifiait beaucoup pour elles. Une patiente, après une mastectomie totale, s’est fait tatouer un boléro, car elle était danseuse de flamenco. Une autre, un cerisier, qui représentait un voyage au Japon qu’elle avait réalisé, une autre une pivoine, une autre un chat”, explique Aurélie Clerquin. En parallèle, nous nous sommes rapprochés de Paule Neel, une artiste photographe qui avait déjà exposé à Lille, notamment avec une série sur les violences faites aux femmes. Elle aussi a accepté tout de suite.” Les Stencils ont été posés sur trois jours. Paule était là pour capturer leur première impression.Au travers ce tatouage éphémère, c’est une vraie démarche d’accompagnement après la maladie, aller encore plus loin. “La poitrine est un symbole de féminité très fort. Lorsqu’elle disparaît, se reconstruire prend du temps.” Le corps, à travers le tatouage, permet de dépasser le traumatisme, de reprendre la main dessus. Un photo-reportage plein de lumière où, de la conception du dessin à la pose et le 1er regard dans la glace, on revit le chemin emprunté par les patientes, jusqu’au moment où leur regard, surpris, s’illumine. L’expérience a permis de passer un cap, et plus de la moitié ont pris rendez-vous pour un tatouage permanent.” L’association Clelialine, qui soutient les projets d’aide aux personnes atteintes du cancer du sein, a même proposé d’en financer une partie.